L’épicondylite latérale (anciennement “épicondylite“) ou tennis elbow touche 2% de la population générale et surtout entre 40 – 50 ans. Cette affection est la plus fréquente du domaine des troubles musculo-squelettiques rencontrés en pathologie professionnelle. En terme d’arrêt de travail, le coût pour la collectivité est considérable…
L’épicondylite est une inflammation du tendon appelé “court extenseur radial du carpe“ responsable du mouvement d’extension du poignet. Elle est déclenchée par les gestes répétés typiques de certaines activités (peinture, ponçage, talochage) …Il s’agit d’une pathologie de mécanisme encore imparfaitement compris par les scientifiques actuels. C’est la raison pour laquelle il existe de nombreux traitement médicaux, aucun n’étant miraculeux. (massages, physiothérapie, acupuncture, infiltration de cortisone, PRP, ondes choc..).
Les opérations habituelles donnent de meilleurs résultats dans l’ensemble que ces traitements médicaux mais sont agressives. Les nouvelles opérations par arthroscopie sont plus efficaces et moins agressives que les anciennes opérations.
L’épicondylite médiale (anciennement “épitrochléïte“) touche moins souvent la population que la forme précédente mais y est souvent associée. Elle correspond à l’inflammation du tendon de “l’inclinaison ulnaire du carpe“ qui correspond à des mouvements répétés tels que le travail au marteau mais aussi au geste du golfeur. La pathologie est aussi imparfaitement comprise… Les traitements médicaux sont les mêmes que pour la forme latérale, il n’ya en revanche pas, à ce jour, de traitement arthroscopique.
Le diagnostic clinique des épicondylites latérales ou médiale.
Les tendons des muscles animant les doigts et le poignet sont concernés. Le phénomène se traduit donc par des douleurs souvent d’apparition brutale lors de mouvement de relèvement/flexion du poignet (et des doigts parfois), ce qui représente un geste extrêmement fréquent dans la vie quotidienne, ne serait que pour la préhension de n’importe quel objet. La douleur peut aussi être provoquée par la tenue ferme en main (poing serré) d’un objet surtout s’il est lourd et d’autant plus s’il est vibrant ou s’il représente un porte à faux (raquette de tennis, club de golf, pinceau, marteau).
Le diagnostic imagerique des épicondylites.
L’échographie et l’IRM objectivent en général les phénomènes inflammatoires ou dégénératifs. Cela permet de distinguer les épicondylites des épicondylalgies isolées qui peuvent correspondre à des douleurs rapportées (bien connues en acupuncture par exemple..), et qui seront peu influencées par les traitements locaux sur les tendons épicondyliens. (le problème venant d’ailleurs…)
On en distingue deux groupes, les traitements “anti inflammatoires“ plutôt utilisés en phase initiale et les traitement “pro inflammatoires“ utilisés en général à la phase chronique.
L’association de l’épicondylite latérale à une compression de la branche profonde du nerf radial n’est pas rare. Elle est évoquée quand les douleurs du coude ont tendance à se propager vers le poignet et surtout s’il apparaît des fourmillements ou douleurs sur le dos du pouce et de l’index. Un bilan EMG est alors recommandé. Un geste chirurgical spécifique vis à vis de ce nerf (neurolyse) est alors indiqué.
L’association d’une épicondylite médiale à une compression du nerf ulnaire est possible aussi. Elle est évoquée quand les douleurs du coude ont tendance à se propager vers le poignet et surtout s’il apparaît des fourmillements/douleurs aux 5e et 4e doigts. Un bilan EMG est alors recommandé. Un geste chirurgical spécifique vis à vis de ce nerf (neurolyse) est alors indiqué.
Pour une épicondylite latérale: l’intervention nécessite une ouverture à la face latérale du coude. Le tendon est exposé et sont alors réalisés une vingtaine de petites perforations à l’aide d’une sonde dite de coblation (“digestion“ de tissus par ondes hertziennes). Ces perforations vont inciter le tendon à initier le processus de cicatrisation. Si la branche du nerf radial est comprimée, une extension de l’incision cutanée permet de la libérer.
Pour une épicondylite médiale: ouverture à la face médiale du coude et réalisation des microperforations de la même façon que précédemment décrite. Si le tendon est trop abîmé, on effectue une désinsertion complète. Le nerf ulnaire peut être aisément libéré par la même approche si nécéssaire.
Nous ne proposons plus les traitements chirurgicaux classiques sur les tendons: désinsertions, sections ou allongements, ils sont plus agressifs et leur efficacité n’est pas supérieure à ceux utilisant les différentes techniques de coblation.
Suites post opératoires
– Ablation des fils vers le 10e jours de l’opération.
La reprise des activités
Le pronostic final
Il s’agit d’une pathologie difficile à soigner, le traitement arthroscopique paraît être une des meilleures solutions. Toutefois le résultat va dépendre de nombreux facteurs:
Les complications spécifiques à cette intervention:
La liste des risques énumérés ci-dessus n’est pas exhaustive. Votre chirurgien se tient à votre disposition pour discuter des avantages et inconvénients du choix de se faire opérer d’une épicondylite sous arthroscopie (rapport bénéfice-risque).
Le choix des différents traitements de l’épicondylite latérale:
On l’a vu les solutions sont nombreuses… ce qui signifie en général – ceci étant vrai pour toute la médecine – qu’aucune solution ne relève du miracle. La raison fondamentale étant notre relative incompréhension du déterminisme de cette maladie, même si des facteurs favorisants de sur-utilisation sont connus (sports, profession exposées).
Au vu des différents travaux de recherche, il apparaît de plus en plus clair que le fait de recourir aux traitements non chirurgicaux de manière trop prolongée était inutile et diminuait les chances d’obtenir un résultat favorable une fois la chirurgie effectuée.
Ainsi, il devient raisonnable d’envisager la chirurgie entre le 6e et le 9e mois d’une évolution continue, surtout si aucun traitement médical n’est efficace.
Toute chirurgie appliquée après 18 mois d’évolution comportera un taux d’échec d’environs 30%.
Le choix entre chirurgie classique et arthroscopie pour le traitement de l’épicondylite latérale:
Les récentes publications écrites et orales font état d’une supériorité du traitement par coblation arthroscopique sur les autres traitements chirurgicaux classiques.
Toutefois, toutes les situations ne peuvent bénéficier du traitement arthroscopique.
Références:
À retenir épicondylite:
pathologie souvent difficile à traiter
aucun traitement miraculeux
mais intérêt des nouveaux traitements: injection PRP, coblation arthroscopique;
pronostic d’autant plus favorable que facteur déclenchant évident et symptômes inférieurs à 6-9 mois
facteur professionnel ou sportif, adaptation future souvent indispensable
arrêt de travail prolongé